Type: Article
Publication Date: 2010-10-30
Citations: 5
DOI: https://doi.org/10.4000/philosant.2120
Pour rendre compte de la première démonstration d'existence d'une grandeur irrationnelle, les historiens des sciences et les commentateurs d'Aristote se réfèrent aux textes sur l'incommensurabilité de la diagonale qui se trouvent dans les Premiers Analytiques, les plus anciens sur la question. Les preuves usuelles proposées dérivent d'un même modèle qui se trouve à la fin du livre X des Éléments d'Euclide. Le problème est que ses conclusions, passant par la représentation des fractions comme rapport de deux entiers premiers entre eux, i.e. la proposition VII.22 des Éléments, ne correspondent pas aux écrits aristotéliciens. Dans cet article, nous proposons une nouvelle démonstration, conforme aux textes des Analytiques, fondés sur des résultats très anciens de la théorie du pair et de l'impair. Ne passant pas par la proposition VII.22, ni par aucune autre propriété établie par l'absurde, cette irrationalité apparaît comme le premier résultat que l'on ne pouvait établir par une autre méthode. L'importance de ce résultat, révélant un nouveau domaine mathématique, celui des grandeurs irrationnelles, rend compte de la centralité que cette forme de raisonnement acquiert alors, d'abord en mathématique, puis dans tout type de discours rationnel. À partir des conséquences qui suivent de cette nouvelle démonstration, on peut interpréter très simplement la leçon sur les irrationnels du passage mathématique figurant dans le Théétète de Platon (147d-148b), ce que nous ferons dans un article à paraître dans un prochain numéro.
Action | Title | Year | Authors |
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+ | Euclid—The Creation of Mathematics | 1999 |
Benno Artmann |
+ | Is There Progress in Mathematical Discovery and Did the Greeks Have Analytic Geometry? | 1937 |
L. C. Karpinski |
+ | Mathematics in India | 2008 |
Kim Plofker |
+ | Mathematics in Ancient Iraq | 2009 |
Eleanor Robson |